top of page
Rechercher
Photo du rédacteurPrésence et Sens

Granthis, liberté ou asservissement?



On trouve dans la tradition yogique, la description de trois nœuds principaux, appelés des granthis, présents à la naissance d’un individu, qui sont considérés comme des contractions énergétiques et psychiques empêchant la libre circulation de l’énergie dans le corps, et générant différentes formes d’attachement qui sont des obstacles sur un chemin d’éveil.


Ces nœuds sont liés aux conditionnements de l’espèce, et l’individu, s’il souhaite trouver plus de liberté, doit passer par la rencontre de ces trois aspects de lui-même, afin de s’en affranchir et de réaliser sa nature essentielle.


Ces nœuds sont donc considérés comme trois obstacles majeurs sur le chemin de la réalisation. Ils sont effectivement une concentration de toutes les peurs fondamentales, de tous les attachements qui induisent égoïsme et tensions émotionnelles, de tous les conditionnements qui construisent la personnalité dès l’enfance (préjugés, automatisme... ) et de toutes les constructions mentales qui relient les humains entre eux (pensées, jugements, identifications...)


Ces granthis sont reliés à trois centres énergétiques et portent également le nom de trois divinités hindous qui sont trois représentations ou trois énergies des différents aspects de la Conscience (Brahman)


- Le premier nœud est relié à la base, au muladharâ chakra et est également appelé Brahma granthi. L’énergie de Brahma se rapporte à la force de vie et à la création. Ce granthi concerne l’animalité et se manifeste par l’attachement à la forme physique et la peur de mourir


- Le deuxième nœud est relié au coeur, à anahatâ chakra et est également appelé Vishnu granthi. L’énergie de Vishnu se rapporte au maintien et à la conservation de la vie. Ce granthi est de nature “psychologique” et concerne la personnalité égotique, l’identification et l’attachement à l’ego et la peur de la solitude, ou la croyance en la séparation d’un moi


- Le troisième nœud est relié à la tête, à ajnâ chakra et est également appelé Shiva ou Rudra granthi. L’énergie de Shiva se rapporte à la destruction (dans le sens d’impermanence) qui amène la transformation et le changement. Ce granthi concerne la personnalité intellectuelle, la raison, l’attachement à la compréhension intellectuelle liée à la peur de l’inconnu et du vide





BRAHMA GRANTHI

En Muladharâ réside l’énergie de Brahma granthi, le nœud du “créateur”, le premier nœud par lequel Maya (l’illusion) déploie l’ignorance (Avidya) de la nature profonde de l’Être. Brahma granthi instille la croyance en un sens du moi séparé (Ahamakara) et l’identification au corps. Ce nœud bloque l’énergie subtile de la Kundalini en Muladharâ, qui potentiellement peut s’éveiller et monter le long du canal de la sushumna (en lien avec la colonne vertébrale). C’est la croyance fondamentale de séparation, l’identification totale au corps qui engendre une vision limitatrice faisant oublier à l’individu, sa nature vaste et profonde. l’Atman, la Conscience immortelle.


Ce nœud de la base est programmé pour fonctionner uniquement sous le régime de l’animalité, donc pour l’individu, c’est la dépendance à toutes les hérédités animales, c’est l’effet “mouton de panurge”. Ce granthi est lié à l’instinct de survie, la peur de la mort, le besoin de sécurité et de tout ce que cela engendre. C’est aussi le lieu de l’héritage karmique ou héréditaire avec tout ce que cela implique. On comprend que moins l’énergie circule dans cet espace, plus les peurs, le besoin de contrôle, de domination, de possession sont prédominants. A l’inverse, si le prana circule librement, l’individu trouvera une forme de détachement et de confiance.


On peut voir chez les mystiques, chez les saints, que l’animalité a été transcendée et que cela ouvre à de multiples possibilités, comme de respirer sans air, ou de vivre en mangeant très peu ou même pas du tout, de n’avoir aucun conditionnement au niveau de la possession, d’être totalement non violent, etc...


VISHNOU GRANTHI

Vishnou, celui qui préserve la vie et qui maintient l’ordre, est lié au nœud du coeur. C’est une zone de turbulence chez un grand nombre d’individu, mais également un lieu où la possibilité d’immobilité, d’équanimité et de réelle intériorité est également présente. Souvent lié à l’attachement, le nœud du coeur est celui qui veut préserver à tout prix et où se joue la peur de perdre et la crainte du changement.


C’est le nœud de la personnalité et de l’ego. L’ego est vu ici simplement comme l’attachement à la personnalité qui découle de l’illusion de séparation. L’ego n’est pas mauvais en soi et n’est pas à abattre comme on peut souvent l’entendre, mais il est vrai que la croyance et l’attachement à la personnalité engendre bien des problèmes. L’illusion de séparation pousse l’individu à rechercher une sécurité affective, à développer sa personnalité, et à croire qu’il est cette personnalité, une personnalité à défendre, ce qui engendre tout un tas de problèmes et de dualités. Il y a notamment un grande confusion qui règne entre amour et attachement, la croyance que l’attachement aux autres (parents, conjoints, enfants, etc) est de l’amour lorsqu’il n’y a que la peur de la solitude, car non réalisation de la nature infinie de l’être


Quand le nœud se libère, c’est l’amour total dans l’acceptation du flot de la vie et de ce qui est vécu: non pas un amour passionnel, possessif, ou dans le manque, un amour qui sépare, qui rejette, mais un amour universel, un amour qui se relie à tous les êtres, à toute la vie, Cette reliance à la totalité engendre un abandon et une sorte de confiance innée en la Vie et en son intelligence naturelle. Le besoin de contrôle s’évanouit et est remplacé par les qualités intuitives d’un coeur ouvert, permettant de danser avec la Vie et de suivre son chemin avec fluidité. L’individu se “désolidarise” de son ego, il réalise qu’il fait partie d’un tout plus vaste que lui, et cette découverte est lumineuse, pleine de félicité. A partir de là, le point de vue change, s’éclaircit, s’élargit, et c’est la porte ouverte à une conscience éclairée, lumineuse, intuitive. Un sentiment d’union et de non dualité est expérimenté, un sentiment d’universalité.


SHIVA/RUDRA GRANTHI

Le dernier nœud est le celui de l’intellect, du raisonnement, des constructions mentales, car le monde n’est jamais que la construction mentale de chaque individu. On peut distinguer le mental discursif, qui est cette continuité de schémas mentaux qui se suivent les uns après les autres et empêchent de vivre le moment présent. En anglais on utilise l’expression “monkey mind”, pour parler du mental comme d’un singe qui passe de liane en liane, où tout n’est qu’association d’une idée à une autre, sans aucun intérêt. Le mental joue et rejoue des scènes qui dans le moment présent n’existe pas.


Sortir de ces schémas mentaux, c’est inviter l’esprit de discernement, un esprit calme et clair, qui permet de se diriger avec clarté, qui permet de répondre aux évènements de la vie non pas en réaction mais à partir d’un espace de silence d’où tout émerge simplement et de la manière la plus appropriée, un esprit qui sort des jugements inutiles et des croyances limitatives, un esprit qui invite au laisser être.


Quand ce nœud se desserre, c’est un océan de béatitude qui se déverse, et l’individu gagne un espace de présence et de calme, l’esprit de la buddhi qui permet de laisser passer la lumière de la conscience. La connaissance ne passe plus par l’intellect, mais par le coeur et l’intuition. La vision s’élargit permettant aux transformations nécessaires de se faire, sans plus aucun besoin de contrôle sur ce qui est “bien” ou “mal”, sur ce qui “devrait” ou “ne devrait pas” être, car C’EST tout simplement. La présence est là, l’ouverture est là, d’instant en instant, hors d’un mental qui rabâche un passé révolu ou qui se projette dans un avenir inconnu. Tout se fait d’une manière organique et sans avoir besoin d’analyser. L’esprit est ouvert, spacieux, et tout peut s’accueillir. L’esprit n’étant plus encombré, cela permet à la vie de circuler.





En yoga, la pratique du pranayama permet la libération de ces nœuds, par le nettoyage des énergies et des vibrations du souffle dans ces espaces des granthis. Il s’agit de commencer par sentir et conscientiser le souffle, de simplement voir là où ça bloque, là où ça résiste, puis éventuellement de travailler avec différents rythmes, de passer d’un souffle grossier à un souffle plus subtil, ce qui amène à une purification et à une harmonisation de ces zones, à une énergie qui se remet à circuler... pour peut-être permettre de vivre avec un peu plus de liberté et de légèreté!



Namaskaram 🤍🙏🤍

197 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

댓글


bottom of page