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Le sentir, voie directe vers soi


"Le sentir n'a rien à voir avec le monde de la personnalité. Le sentir est une émotion, une émotion biologique, parce que le corps a ses propres émotions. C'est la partie émotionnelle du corps biologique. Le sentir, c'est plonger d'une façon vierge, neutre, dans une masse émotionnelle.

"Le sentir me fait également connaître une autre forme de pensée. Par le sentir, je change d'angle de pensée, la pensée va se produire ailleurs. On pourrait dire qu'elle va se répercuter dans le cerveau, se refléter dedans comme sur un miroir, mais là, c'est le corps qui pense. En ce sens, le sentir est un déplacement du point d'assemblage. La pensée, où se rassemblent les associations, est un point d'assemblage et le sentir le déplace sur le corps biologique. A ce moment-là, c'est mon corps qui pense."

Lorsque je prend la sensation, ma pensée cesse, ce n'est plus moi qui pense, c'est le corps qui pense. Et lorsque le corps pense, il n'associe pas les pensées, car sa pensée est sphérique et créative. Le cerveau, lui, ne peut pas penser sans associer."


"Les impressions sont la plus haute nourriture de l'être humain parce qu'elles passent simultanément par les cinq sens. Lorsque vous goûtez quelque chose, la vue a participé, l'ouïe, le toucher et l'odorat on participé. C'est une simultanéité de chocs à l'intérieur de vous qui provoque une forme de catalyse qui crée des mémoires.

Et si notre mental ne doit pas intervenir, c'est parce qu'il est constamment en train d'analyser, de comparer, de juger: cet arbre n'est pas aussi beau que celui que j'ai vu avant-hier. Le mental usurpe, court-circuite et empêche les impressions d'entrer là où elles doivent entrer. Il les transforme en verbe, en concept, en mots. Il empêche que le processus alchimique se réalise parce qu'il est soumis à des pulsions comparatives. Ce sont des mécanismes présents à l'intérieur du cerveau qui créent la pensée comparative, la pensée accumulative et la pensée possessive. Ces trois pensées sont les trois pivots, les trois axes, dans lesquels nous sommes prisonniers.

Par la prise de la sensation du corps, vous empêchez le mental d'opérer comme il l'entend. Il va tenter d'opérer mais il va manquer d'énergie parce que l'énergie va vers le sensitif et le sensitif, dans le corps humain, est une très haute émotion, c'est le corps émotionnel du corps physique qui se met en action.

Le corps émotionnel et le corps physique contiennent cette intelligence qui sait capter les impressions; elle sait les stocker là où elles doivent aller pour créer une réserve d'impressions. Et cette réserve d'impressions crée des mémoires qui augmentent jusqu'au moment où arrive une phase critique dans laquelle la mémoire se manifeste par un éclaircissement. D'un seul coup, vous comprenez quelque chose, ou alors une intuition traverse votre esprit. C'est, à ce moment-là, une accumulation de mémoire qui est arrivée à une masse critique."


"Voyage sensitif à l'intérieur du corps

Asseyez-vous confortablement...Le dos est droit, décontracté. Vous avez les yeux fermés, votre langue est décollée du palais, vos lèvres sont entrouvertes. Sentez bien vos appuis: les pieds sur le sol, les fesses, le dos contre le siège, vos mains posées sur vos cuisses.

Vous respirez calmement quatre ou cinq fois.

Portez maintenant votre attention sur le pied droit.

"Porter votre attention" ne veut pas dire "penser".

Pour vous aider à sentir votre pied droit, imaginez que l'air que vous inspirez, à chaque respiration, descend à la vitesse de l'éclair dans votre pied droit et oxygène toutes ses cellules.

Vous éveillez le dessus du pied, le talon, la voûte plantaire, chaque doigt de pied… Toutes les cellules sont réveillées par l'oxygène et les photons lumineux que vous inspirez.


Accueillez la sensation que vous offre votre pied droit en ce moment. laissez la sensation se dilater. Votre pied respire. Si des pensées ou des idées se présentent, laissez-les passer. Ne leur prêtez aucune attention. Vous êtes votre pied droit.

Faites monter cette sensation dans la cheville. Envoyez l'air dans votre cheville droite. Votre cheville respire, se dilate… Montez maintenant jusqu'au genou. Vous réveillez votre genou. L'air oxygène toutes les cellules.

Montez encore le long de votre jambe droite jusqu'à l'aine. Envoyez l'air dans votre jambe. Votre peau respire. Votre jambe respire.

Vous passez maintenant au pied gauche et vous suivez le même processus: vous éveillez la cheville, le mollet, le genou et la cuisse gauche.


Vous portez maintenant toute votre attention sensitive sur votre main droite. A chaque respiration, vous envoyez l'oxygène dans les cellules de votre main droite. Vous éveillez la paume, le dessus de la main, chaque doigt...

Toutes les cellules de votre main sont activées par les photons lumineux. la sensation se dilate, les pores se dilatent, la peau respire.

Si vous avez l'impression que votre main est gonflée ou chaude, ne vous en préoccupez pas, accueillez la sensation qui se présente, simplement.

Puis vous éveillez votre poignet droit.

Vous continuez, avant-bras, coude, bras. Vous faites monter la sensation jusqu'à l'épaule.


Vous répétez le même éveil sensitif à partir de la main gauche jusqu'à votre épaule gauche. Utilisez toujours la respiration et les photons lumineux pour activer toutes les cellules de votre bras gauche.


Prenez maintenant la sensation de la région sexuelle, du pubis, des fesses. Réveillez toute cette zone. Envoyez l'air. La sensation se dilate.

Ventilez toute la région du bas-ventre. Vous pouvez faire sensitivement le tour du bassin: devant, à droite, derrière, à gauche… Tout respire, tout s'oxygène.

Votre sensation monte doucement vers la poitrine. Vous pouvez en faire le tour. Sentez le thorax, les seins, le dos, les omoplates.

Montez vers le cou. Vous envoyez l'air que vous respirez. Il circule, nettoie, décontracte le cou et la nuque.

Faites monter la sensation vers la nuque. Décontractez le cuir chevelu, le crâne, les tempes, les yeux, la zone derrière les yeux… Prenez la sensation du nez, de vos lèvres.

Décontractez votre mâchoire, vos joues.

Prenez la sensation de vos oreilles, puis de toute la tête.


Faites une halte de dix secondes en restant en silence intérieurement.


Maintenant, descendez au centre de votre poitrine.

Situez-vous dans la région du coeur. Dans ce lieu, imaginez que vous vous inclinez devant vous-même.

Après quelques instants, ouvrez lentement les yeux en restant à l'intérieur de vous-même et en reprenant contact avec l'extérieur.

Vous pouvez faire cet exercice chez vous, entre quinze et vingt minutes selon vos disponibilités. Evitez si possible les boissons froides juste après cet exercice."


A noter que l'on retrouve ce même type d'exercice en yoga nidra, l'attention sur le corps et ses sensations étant de la plus grande importance dans la pratique du yoga. Tout se rejoint!


Luis Ansa parle d'un autre exercice très intéressant, qui est la division de l'attention, exercice permettant d'être toujours relié à soi même et à son intériorité tout en étant en communication avec l'extérieur.


"Garder la sensation, c'est cela l'important, que ce soit celle de votre main, de votre bras ou de n'importe quelle partie du corps, même le nombril si vous voulez, pourvu que vous ayez une ancre et que vous divisiez votre attention...

"La division de l'attention est un travail de captation parce que c'est par une attention divisée que vous allez capter les énergies qui sont présentes autour de vous et en vous. A force de pratiquer cette division de l'attention, capter va devenir une nouvelle habitude, mais ce sera une habitude volontaire et non accidentelle. Elle ne vous est pas imposée par les autres, personne ne va vous obliger à diviser votre attention, il n'y a que vous et votre volonté qui puissiez le faire.

"Il s'agit d'introduire à l'intérieur de soi-même la nécessité d'une présence à soi, parce que c'est absolument indispensable. Si je ne suis pas présent à ce que je dis, ce que je dis n'a pas de poids, pas de valeur; ce n'est que de la fumée, de l'air, parce que mes paroles vont se former mécaniquement.

Si j'écoute quelqu'un et que je ne suis pas présent, que je ne suis pas en lien avec l'intérieur de moi-même, je ne serai pas ouvert à l'autre puisque c'est la mécanicité de mon mental, avec tout son conditionnement, qui va écouter. Mais surtout, que la division de l'attention, que la pratique de la sensation, ne deviennent pas quelque chose de grave, d'austère, que ce soit souple, joyeux!

Quand je suis en état de division d'attention, je ne suis pas en état de tension. Le fait d'être paisible permet de capter plus de choses et de manière plus fine. Si vous avez un problème, si vous êtes tendu, concentré, vous ne pouvez pas capter ce qui se passe autour de vous. Et si, en divisant votre attention, vous créez en même temps un climat heureux en vous, vous allez capter encore davantage."


Extrait du livre de R. Eymeri "Luis Ansa, la voie du sentir"

(2016, les édition du Relié)

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